Enfants de 1952 : Lorsque nous naissons, entre euphorie d'après-guerre et Trente Glorieuses, le pays se repeuple, l'économie reprend, le niveau de vie augmente. La guerre est toujours présente, mais sur d'autres fronts : Indochine, Algérie, puis Vietnam. En grandissant, nous connaîtrons les soubresauts d'une décennie mouvementée - combat pour les droits civiques des noirs, premiers pas sur la Lune, Mai 68, revendication de l'égalité hommes / femmes - qui nous ouvrira bien des horizons.
Début des années 50. La France se reconstruit, et la vie des citadins subit bien des modifications. Finies les queues interminables pour quelques grammes de pain ou de faux café ! Les magasins d'alimentation regorgent de produits dont on avait oublié jusqu'au goût. Le travail afflue et on quitte les campagnes pour se faire embaucher dans les usines. Encouragées par le gouvernement, les familles s'agrandissent et les femmes commencent elles aussi à travailler. Les villes s'accroissent, les faubourgs deviennent banlieues. Pour accueillir cet afflux de population, des concepts d'habitation d'un genre nouveau apparaissent. Pourtant, derrière les HLM, s'étendent encore des bidonvilles insalubres où se cache la misère des laissés-pour-compte du progrès. Ce progrès qui est entré dans chaque maison, porté par une insatiable soif de consommation. L'électroménager est devenu le symbole de la nouvelle opulence.
Frigidaires, machines à laver, aspirateurs... chaque jour voit naître un appareil qui révolutionne le quotidien des ménagères. Les loisirs changent eux aussi. La télévision occupe désormais la place centrale dans le salon. Les murs des villes se couvrent d'affiches colorées annonçant les nouveaux films. Et chacun possédant désormais sa propre voiture, on voit se former les premiers embouteillages.
Mais les jeune Français sont loin de se satisfaire du confort qui comble leurs parents. Tournés vers l'Angleterre et les Etats-Unis, ils écoutent de nouvelles musiques, adoptent de nouveaux codes vestimentaires. A la fin des années soixante, la révolte gronde dans les universités. La jeunesse envahit la rue.
Un vent de liberté souffle sur les villes de France.
Les vacances. Au début des années 1950, ce concept nouveau, hérité du Front populaire, commence à prendre forme. Les plages françaises, Côte d'Azur en tête, voient affluer les estivants venus des quatre coins de l'hexagone.
Juilletistes et aoûtiens se croisent sur les routes qui sont aménagées, fléchées, et un serpent ininterrompu de voitures couvre la Nationale 7. Le voyage est long, bien sûr, mais au bout, il y a le rêve de toute une année : sable chaud, baignades joyeuses, soirées douces entre amis. La mer n'est pas la seule destination des Français. Amoureux de la nature et du grand air, certains partent vers les Alpes, les Pyrénées ou le Massif central. Autant de sommets qui voient bientôt affluer des touristes d'un autre genre : les skieurs. Car les vacances d'hiver ont de plus en plus d'adeptes. Pour les accueillir, les villages de montagne s'équipent, des stations sont créées un peu partout.
Hôtels, pensions de familles, locations, les hébergements se multiplient. Mais dès le retour des beaux jours, c'est le camping qui séduit le plus grand nombre. Désireux de rompre un temps avec la vie citadine, adeptes d'un vrai retour à la nature, les vacanciers installent leurs caravanes et plantent leurs tentes en pleine nature ou sur des terrains bien équipés.
Bientôt les estivants s'aventurent au delà les frontières. Les plus âgés rejoignent les côtes espagnoles tandis que les jeunes, en quête d'aventure, partent en stop ou en 2 CV vers le Maroc, la Grèce ou le Cap Nord. Peu nombreux en revanche, sont les ceux qui prennent l'avion. Il faudra attendre la création des vols charters et la multiplication des voyages organisés à l'étranger pour que ce moyen de transport devienne accessible au plus grand nombre.
Alors, plus rien n'arrêtera les vacanciers. Et partout dans le monde on croisera des Français, avides de découverte et de dépaysement.
Décembre 1950. Quelques jours avant Noël, le Salon de l'enfance ouvre ses portes au Grand Palais. Sorte de caverne d'Ali Baba remplie de jeux, de jouets et d'animaux vivants, il propose aux enfants émerveillés et aux parents, toutes les nouveautés apparues sur le marché. En effet, en réponse à la demande massive générée par l'éclosion du baby boom, portés par la frénésie de consommation qui vient de s'emparer des familles françaises, les fabricants de jouets rivalisent d'imagination et diversifient de plus en plus leur offre.
Si les peluches remportent toujours les suffrages des plus petits, leur look en revanche change peu à peu. Sur les lits des chères têtes blondes, des animaux et des personnages aux allures bizarres côtoient désormais les traditionnels nounours : Pollux, chien rigolo, star du « Manège enchanté », Nicolas et Pimprenelle, poupées vedettes de « Bonne Nuit les Petits », Saturnin le canard. Les coffres à jouets débordent de nouveautés, le plastique se substitue au bois et les premiers jouets Fisher Price débarquent des États Unis. Les marques françaises sont au coude à coude avec leurs rivales allemandes, anglaises ou américaines, et on assiste à de véritables matchs dont les enfants sont les arbitres : Jouef contre Märklin pour les trains électriques, Dinky Toys contre Majorette pour les petites voitures, Mattel contre Bella au royaume des poupées. En 1959, une nouvelle venue évince toutes ses rivales : Barbie, la poupée mannequin. Plus femme que bébé, dotée d'une garde-robe de star et accompagnée de Ken, son boyfriend aux allures de prince charmant, Barbie séduit toutes les fillettes. Des fillettes qui ont hâte de devenir grandes, comme leurs frères qui se voient déjà pompiers, docteurs ou chefs de gare.
Car les jouets des enfants portent toujours une magie en eux :
Celle du métier qu'ils rêvent d'exercer plus tard.